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L’Habitation La Mahaudière Guadeloupe, France

L'habitation Lahaut : du coton au sucre

Les sources les plus anciennes concernant cette habitation remontent à 1732. A l'époque, il ne s'agit pas encore d'une sucrerie. Vers 1770, la propriété d'Etienne Douillard Mahaudière évoque plutôt une grosse cotonnerie disposant d'un grand nombre de cases d'esclaves mais de très peu de bâtiments industriels. Il existait alors de très nombreuses cotonneries dans cette partie de la Grande-Terre. La propriété s'agrandit progressivement et se tourne vers la production de sucre jusqu'à la Révolution où elle est séquestrée. 200 cultivateurs travaillent alors sur l'habitation " Lahaut ", telle qu'elle est alors nommée.

En 1828, 147 esclaves y sont employés à valoriser les 465 ha de la propriété. Le propriétaire est alors Jean-Baptiste Douillard Mahaudière dont le nom est resté attaché à une affaire judiciaire célèbre.

L'affaire de l'esclave Lucile

En octobre 1840, Jean-Baptiste Douillard Mahaudière fut poursuivi par la justice pour séquestration abusive de son esclave Lucile, couturière. Celle-ci était accusée par son maître d'avoir empoisonné sa femme, quatre esclaves et 281 têtes de bétail. Lucile fut jetée dans un cachot mesurant 5m² et seulement 1,20m de haut de sorte qu'elle ne pouvait s'y tenir debout. L'espace exigüe dépourvu d'air et de lumière ne lui permettait pas de se tenir debout. D'après les termes du procès, elle était attachée par les jambes à une barre de fer et sa main droite était prise dans un anneau. Lucile resta pendant 22 mois dans ce cachot, dans un isolement quasi-absolu. Une fois par jour, une maigre ration de farine de manioc et de morue lui était apportée en guise de repas.

La justice fut informée de l'enfermement de Lucile par lettre anonyme et se rendit sur place pour constater les faits. Des poursuites furent entamées contre Douillard Mahaudière qui dut répondre de ce crime devant les assises de Pointe-à-Pitre. Le procureur du roi, lui-même colon et propriétaire en Guadeloupe, se trouva tiraillé entre son rôle de magistrat et les intérêts de la communauté à laquelle il appartenait. Sous la pression des colons, Douillard Mahaudière fut déclaré non coupable et acquitté. L'esclave Lucile fut vendue.

La conversion de l'habitation après l'abolition de l'esclavage

Dans les années suivant l'abolition de l'esclavage de 1848, l'habitation périclite lentement. A la fin du XIXe siècle, la transformation des installations font de l'habitation une distillerie importante fonctionnant à la vapeur. L'activité perdurera sur le site jusqu'au début des années 1950.

L'Habitation La Mahaudière fait partie de La Route de L'esclave-Trace-mémoires en Guadeloupe, organisée par le Conseil Général de la Guadeloupe.


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